Encore quelque chose qui me fait dire que c’était mieux avant. Je croyais m’y être habitué pourtant, mais non, c’est plus fort que moi, je hais les nouveaux uniformes de la gendarmerie nationale et surtout ce qu’ils véhiculent. L’après midi s’annoncait bien pourtant, à somnoler devant le tour de France. Mais bien vite je ne pus trouver le repos escompté, tout excité que j’étais à la vue de ces tenues ayant plus du jogging que de l’uniforme.
Je me souviens encore de leur introduction il y a un ou deux ans. Alliot Marie en personne avait convoqué les médias pour faire la promotion de ces nouvelles tenues, plus modernes, plus pratiques, moins symboliques surtout. En effet, dans le processus d’uniformisation et de démocratisation à tout va instauré par la République française, l’objectif que les représentants de l’Etat perdent leurs particularités et ne soient plus symboles d’ordre est en passe d’être rempli. Surtout, l’impression est donné qu’il faut éffacé toute tradition, tout héritage venant du passé, et au contraire poursuivre une course effrénée vers la médiocrité. Ainsi, le gendarme doit paraître abordable, gentillet, proche du peuple. Alors on l’habille d’un uniforme ridicule ressemblant à une tenue de sport, croyant que les « jeunes » le comprendront mieux. Et que dire de la stupide casquette remplacant le képi, gardé uniquement pour les cérémonies, comme-ci ce symbole de l’armée française représentait déjà le passé et que sa vue provoquait un peu trop les citoyens.
Quand il y a encore 20 ou 30 ans, les mères désemparées du comportement un peu trop turbulent de leur enfant disaient « calme toi ou j’appelle les gendarmes », celui-ci s’apaisait immédiatement. Aujourd’hui, ce genre de réfléxions prête plutôt à sourir. Les gendarmes, perdant peu à peu leurs pouvoirs, de peur de faire une bavure ou d’embraser les quartiers, sont dorénavent condamnés à contrôler la circulation, faire le tour des centres-villes et des marchés le samedi matin, contrôler les fêtes forraines et accompagner certains évènements sportifs. Allié à une féminisation et une cpfisation du recrutement, le gendarme n’inspire plus la crainte et le respect comme il le devrait mais, au mieux la complaisance, au pire le dédain. Trahissant ses fonctions premières, il est devenu le symbole de cette société dépourvue de hiérarchie où la réalité des actes est réduite à néant par l’excès de dialogue.
A propos de la casquette, je ne saurais vous donner tort. Ceci dit, il faut bien reconnaitre que l’ancien uniforme n’était pas vraiment adapté au point de vue opérationnel. Courir avec un pantalon de ville assez épais n’est pas l’idéal. En outre, la nouvelle tenue est munie de nombreuses poches, d’attaches qui permettent plus facilement de transporter le matériel individuel. Quelque chose de plus martial aurait été souhaitable, cependant je ne puis en vouloir aux concepteurs, compte tenu du fait que la Gendarmerie est actuellement la seule et véritable unité de proximité, installer une distance entre les personnels et le public aurait été contreproductif.
Je suis d’accord quant aux uniformes plus pratiques.
Mais le problème est que les gendarmes ne devraient pas avoir à « courir » après des délinquants. Or, c’est devenu leur activité numéro un. Avec un tel uniforme et de telles activités on les abaisse au niveau de la police municipale et c’est celà qui me déplait. Les gendarmes doivent être abordables bien sûr, mais on ne les respecte et craint pas assez à mon goût.
Mais dans notre société où être citoyen n’est plus un ensemble de devoir à accomplir mais des droits à satisfaire, une telle vision de la gendarmerie ne doit pas être courante.
Le fait est, qu’on le veuille ou pas, le gendarme faisant partie des forces de l’ordre au même titre que la police nationale et la police municipale (que vous semblez mésestimer certainement par méconnaissance de leurs prérogatives), il ne peut faire l’économie de la chasse au voyou. C’est même dans les zones rurales le seul rempart de la population face à une faune de plus en plus mobile et qui n’hésite pas à parcourir 150 km pour se livrer à ses activités crapuleuses le vendredi soir venu.
Personnellement, je préfère encore voire nos braves pandores se livrer à cette activité plutôt que de les voir déployés à l’étranger pour faire régner l’ordre dans des contrées hostiles par la grâce d’un mandat onusien.
Je suis d’accord sur ces derniers points.
Je voulais simplement dire que ce n’est pas en modernisant l’apparence des gendarmes, leur ôtant leur tenue traditionnelle, qu’ils seront mieux vus et que leurs missions seront mieux remplies. Et puis je voulais mettre en parallèle la perte du képi pour une ignoble casquette avec le processus de destruction des traditions et des particularités entamé par les institutions de ce pays.
Moderniser la tenue était plus que nécessaire à mon sens. Il faut être clair, un gendarme ça fait du contrôle routier mais c’est également amené à se transporter, pour des tas de raisons diverses, dans des lieux plus difficiles pour celui qui est vêtu d’une tenue de ville comme l’ancienne, nécessairement plus ajustée et donc handicapante. Et puis ne l’oublions pas, la coupe qui a été retenue par le ministère l’a été dans l’optique des grands changements à venir pour ce corps qui risque à terme de perdre sa spécificité militaire.
Ceci dit, nous n’en sommes pas encore là. Les syndicats de police semblent bien décidés à obtenir des compensations salariales ne serait-ce que pour combler l’avantage du logement. Les caisses étant vides…
La gendarmerie vient en effet d’être rattachée au ministère de l’intérieur.
Nous n’en sommes qu’à la première étape. Le rattachement proprement dit n’est pas encore fait. Pour l’heure il s’agit de rationaliser la gestion de tout ce qui est achats, maintenance, etc. d’uniformiser à terme les fichiers et les terminaux embarqués. La fusion plus ou moins réelle n’est pas encore pour demain pour les motifs que j’ai évoqués. Aujourd’hui on s’intéresse à tout ce qui permet de faire des économies. Ce qui va coûter cher est repoussé à une date ultérieure qui à mon avis ne va pas tomber demain ou après-demain.
Je comprends bien l’argument de l’évolution nécessaire d’un uniforme militaire – encore que la capote n’ait pas empêché les Poilus de reprendre Douaumont, ni l’attirail des soldats de Napoléon de voler de victoires en victoires – mais le problème que soulève Edwald est celui de la fonction qu‘on lui associe.
Pendant des siècles, les représentants de l’ordre, d’une autorité civile voire d’un corps de métier particulier étaient discernables au premier coup d’œil : on ne confondait pas le gendarme avec un chef de gare, ni un douanier avec un pilote de ligne… De surcroît le « prestige de l’uniforme », parce que ceux-ci était souvent bien taillé, pouvait être pris au sens propre.
Dans le cas présent des gendarmes, mais aussi des policiers, dépositaire de l’autorité de l’État – forces de l’ordre s’il en est – on remarque que l’évolution de leur uniforme suit l’effet inverse de celui qu’on observait quand, par effet de mimétisme, ils étaient copiés par les tenues de vigiles ou d’agents de sécurité privée.
Or, aujourd’hui, à moins de lire le patch sur l’épaule de leur polo informe ou l’inscription sur leur casquette modèle base-ball, on ne saurait distinguer un flic d’un « ASVP » (Agent de Sécurité de la Ville de Paris), et un gendarme en tenue d’été d’un vigile quelconque.
Bref, ce sont désormais les policiers qui ressemblent à n’importe quel personnel de sécurité. Confusion qui ne doit à mon avis rien au hasard mais confirme que nous sommes entrés dans une société de plus en plus répressive et où l’État a un rôle de plus en plus marginal au point de sous-traiter ses fonctions régaliennes. L’apparition de mercenaires privés en Iraq n’étant qu’un exemple.